La contraception : une "histoire de meufs", l’affaire de tou.tes Si la contraception est une affaire de femmes depuis les années 1960
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Si la contraception est une affaire de femmes depuis les années 1960, c’est dans les années 1990 que les instances internationales ont commencé à s’intéresser au partage de la charge...
show moreMême si la Belgique a la meilleure couverture contraceptive d’Europe, celle-ci reste certainement à améliorer ; on dénombre toujours 20.000 IVG par an et l’on sait que 45% d’entre elles ont lieu à la suite d’un échec contraceptif causé par une mauvaise utilisation ou par l’inefficacité de la méthode contraceptive [1]. S’il est à déplorer que la charge contraceptive repose essentiellement sur les femmes, il reste que ce sont elles qui subissent les conséquences d’un échec contraceptif. Aussi, le choix d’une contraception masculine devrait toujours aller de pair avec la responsabilisation des hommes, ce qui passe entre autres par la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle (EVRAS) dans le cadre scolaire et les autres milieux de vie, mais aussi par le renforcement de l’accès aux méthodes contraceptives féminines [2].
Cependant, la contraception masculine reste aujourd’hui limitée à des techniques ou méthodes peu efficaces comme le retrait ou le préservatif – dont l’utilisation est souvent décrite comme contraignante mais qui reste la seule contraception qui protège contre les IST et le VIH – et la vasectomie, efficace mais difficilement réversible. Pourtant, bien que de nombreuses pistes de contraception hormonales et non hormonales aient été explorées, démontrant leur efficacité et acceptabilité, la contraception masculine reste le parent pauvre de la contraception.
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Aujourd’hui en Belgique, les jeunes générations questionnent la contraception hormonale féminine ; les demandes pour des méthodes " naturelles " sont en augmentation ; celles de vasectomies encore plus [3] ; certains hommes veulent pouvoir gérer leur contraception ; enfin, la crise des pilules de 3e et 4e générations et la vague #metoo ont amené une demande pour le rééquilibrage de la charge contraceptive au sein des couples hétérosexuels. D’autres voix se font aussi entendre pour l’accès à des contraceptifs masculins fiables, réversibles et abordables : celles de sociétés savantes, de chercheuses et chercheurs de renom, appelant à ce développement. C’est donc un constat : la contraception masculine connaît un intérêt croissant. De surcroît, améliorer son accès permettrait aux hommes de contrôler leur fertilité, pourrait améliorer le contrôle des naissances, la santé reproductive des couples et réduire le nombre de grossesses non prévues. Pourtant à ce jour, il n’existe aucun médicament contraceptif masculin bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché.
La contraception masculine, enjeu de santé publique et de société
Cela fait 30 ans qu’on le dit : la pilule masculine, c’est pour demain ! Malgré d’innombrables études de phase II [4] qui ont prouvé l’efficacité de la contraception masculine hormonale et bien que quelques médecins la prescrivent en France, son développement reste bloqué. Des voies d’administration inconfortables (piqûres, implants, etc.), des freins institutionnels, des stéréotypes genrés au sujet de la virilité et la réticence de l’industrie pharmaceutique face à un marché présumé peu rentable, empêchent les études de phase III qui conduiraient à une commercialisation.
Des alternatives non hormonales existent, dont la contraception masculine thermique qui a été mise au point dans les années 1990 par une équipe française. Elle est basée sur la cryptorchidie artificielle – autrement dit, la remontée artificielle des testicules à la base de l’aine. C’est une méthode simple, non médicamenteuse, réversible et efficace mais à l’instar des autres moyens de contraception masculine, elle manque cruellement d’études d’évaluation. Récemment, cette technique expérimentale s’est vue appropriée par des collectifs d’hommes soucieux de maîtriser leur fertilité et de partager la charge contraceptive au sein du couple.
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En Belgique, internet, les réseaux sociaux, les médias, des hommes et des femmes engagé.es, ont mis en lumière cette technique auprès d’un certain public, ce qui a participé à une augmentation régulière des demandes d’information et d’utilisation chez les jeunes hommes entre 20 et 35 ans. Bien que des protocoles de prise en charge médicale de la contraception thermique aient été publiés et que des formations existent en France, nos soignant.es ne sont pas formé.es à cette méthode et le personnel du secteur social/santé n’est pas outillé pour y répondre ou orienter le public.
Confronté.es à cette augmentation croissante des demandes, dont le leitmotiv est principalement celui du partage de la charge contraceptive, nous soignant.es, estimons que celles-ci sont légitimes et assumons la responsabilité d’y répondre. L’information disponible sur Internet doit être encadrée médicalement (contre-indications, précautions d’usage, suivi…) ; laisser ces couples et ces hommes se débrouiller avec ce qu’ils trouvent serait irresponsable.
En regard de ces constats et en accord avec des associations de première et de deuxième ligne en éducation permanente et en promotion de la santé, nous demandons des politiques publiques [5] actives en faveur de la contraception masculine et de la diversité contraceptive : soutien politique et académique de la recherche et de l’évaluation des méthodes, formation des soignant.es à la diversité contraceptive, généralisation de l’EVRAS et de l’enseignement d’une approche globale de la santé sexuelle et reproductive, accessibilité de la vasectomie en première ligne de soins de santé (centre de planning familial, maisons médicales…), promotion des nouveaux moyens contraceptifs masculins et implication du secteur pharmaceutique dans leur commercialisation.
La société évolue et l’histoire a de nombreuses fois montré que la population et la société civile peuvent être motrices de changements importants.
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